La Confédération paysanne souhaite alerter l’ensemble des citoyens sur les conséquences catastrophiques dans le secteur des fruits et légumes de la réforme de l’organisation commune des marchés qui risque d’être adoptée en juin par l’Union Européenne.
Une telle réforme ne pourrait régler les problèmes de santé publique (obésité et surpoids), d’environnement (résidus de pesticides et réchauffement climatique) et de précarité sociale (chômage) dénoncés avec force à l’heure actuelle par de nombreux acteurs nationaux et internationaux.
Bien que tout le monde s’accorde à reconnaitre que l’obésité est en grande partie liée à la faible consommation en fruits et légumes, nous constatons que :
- Cette nouvelle réforme va tendre à faire disparaitre dans sa diversité et sa qualité cette production sur le sol européen par l’appui exclusif au modèle agro-industriel de production standardisée.
- Les prix des fruits et légumes ne seront toujours pas accessibles à tous les consommateurs puisque la concentration excessive de l’aval n’est pas remise en cause et entretient donc l’application de marges excessives tout en risquant de maintenir des prix non rémunérateurs pour les producteurs.
- L’afflux massif de produits importés n’autorisera pas un contrôle poussé des risques inhérents aux conditions de production dans les pays tiers.
- Les attentes des consommateurs ne peuvent être satisfaites sans le soutien à des produits frais et de saison permettant d’atteindre les objectifs espérés de consommation.
Alors que les dégâts environnementaux sont liés à l’usage croissant de produits phytosanitaires, à l’augmentation des distances et des durées de transport des produits ainsi qu’aux conditions de stockage, la nouvelle réforme se propose d’appuyer des organisations de producteurs de plus en plus grosses, ce qui va conforter l’hyperspécialisation des régions et les monocultures.
Enfin, cette réforme va accélérer la disparition d’un grand nombre de producteurs ne pouvant vivre du revenu de leur travail. Et ceci au détriment des paysages, de l’aménagement du territoire et de la stabilité des emplois alors que ce secteur est particulièrement utilisateur de main d’œuvre.
La Confédération paysanne a ainsi dressé une analyse argumentée des conséquences de cette réforme telle qu’elle a été présentée par la Commission européenne et met à disposition des décideurs un ensemble de propositions visant à relever ce secteur.
Pour en savoir plus, lire la position et les propositions de la Confédération paysanne sur ce sujet sur leur site.
Cela rappelle les propos relatés dans un article du Monde du 21 avril 2007 intitulé « La PAC, facteur de l'obésité ? » :
« Dès l’ouverture du colloque européen consacré au rôle des fruits et légumes dans la lutte contre l’obésité qui s’est tenu, du 17 au 19 avril, à Bruxelles, le professeur Philip James s’est fait accusateur. Selon lui, la politique agricole commune (PAC) a, par ses subventions, maintenu à bas prix les viandes, céréales et graisses. Il n’a pas été le seul à dresser le procès de la PAC. « Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un prix des fruits et légumes extrêmement élevé par rapport à celui des céréales, du sucre et des huiles », a déclaré Tim Lobstein, coordinateur du programme obésité de l’enfance au Royaume-Uni. « La PAC, c’est 10 milliards d’euros pour les céréales, 10 pour les produits laitiers, et 1,5 pour les fruits et légumes : nous finançons une alimentation riche en calories au détriment d’aliments plus sains », a lancé Laurence Swan, de l’association européenne de vendeurs et négociants Freshfel. (...) À l’origine, en 1962, dans l’objectif d’accéder à l’autosuffisance alimentaire, l’Europe avait donné la priorité et donc ses subventions aux céréales, à la viande, puis au lait. Le but étant (depuis longtemps) atteint, la question se pose d’une répartition différente des aides.(...) »